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Saint - Malo | La Route du Rock

30 Octobre 2012 , Rédigé par vibraphonyx Publié dans #Première vie

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Enfin. C'est ce sentiment, ou plutôt cette pensée qui m'anime le jour du départ. Levé tôt. Train, j'arrive, il part. La journée commence mal. Tente, gros sac à dos. Rennes, changement pour un TER pourri, plein de festivaliers et d'autres personnes extravagantes.

 

Premier jour:

 

Gare de St Malo, soleil de plomb. Bus, camping, Fort St Père. 
Les murs de pierre sans aucune attache, peu de structure, la nature éparse autour, donne un charme sudiste au site.
Bus, vieille ville de St Malo, la chaleur et la plage. Dans mes oreilles, je profite quand même des quatre derniers morceaux de Don Nino.

 

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Le soir, au Fort, c'est Alt-J que nous attendons en tout premier lieu. Il est tôt, il fait encore beau, encore chaud. Pour l'occasion, ils ont sorti leur short et chemise extravagante.

Un jeu aérien, des pauses bien marquées. Timidité et volonté de jouer juste, de façon contrôlée, se font sentir. Comme au ralenti, les morceaux prennent une tournure différente que sur l'album. On a même le droit à un peu de français. Mais que nous cachent-ils encore ?

La voix est bien vraie, et nous démontre sa virtuosité. Des breaks presque simultanés installent une ambiance mystérieuse. Des cœurs imparfaits charment et fragilisent les morceaux. Ils ont peu d'expérience scénique, et sont jeunes. Breezblocks est pourtant parfaite. Le côté explosif de l'album manque, mais le concert plaît beaucoup. Avant chaque titre, dont le claviériste donne le nom, la foule acclame sans même écouter, le nom de la chanson qui suit. Ils nous apprennent également que le nom de la chanson Mathilda vient du film Franco-américain, Leon.
C'est beau, il fait beau, je suis à la Route du Rock, j'ai vu Alt-J, merci.

Comme si on était pas déjà comblé, c'est Patrick Watson qui suit.

 

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Watson au piano, une voix cristalline, fine élancée. Des musiciens tout aussi passionnés que lui. On entend un double rythme, voix piano, une complexité toute en délicatesse. Le batteur donne de tout son talent, impressionnant.

On rêve, une vie, une version studio sublimée. La guitare lâche quelques airs à la Neil Young. Des explosions à la Grizzly Bear. Bref emprunt de grands artistes, on sait tout de même que Watson n'a rien piqué à la magie des autres, car il crée la sienne aussi bien. Une illusion vécue, la voix qui berce. Un archet, une scie, un son unique. Une trompette donne une sonorité sud américaine. Un morceaux comme en acoustique, tous autour d'un micro. Un groupe qui rayonne, et nous comme envolés, sur les nuages, à observer ce soleil si chaleureux. Nous buvons la douceur, et nous en faisons notre passion, une vie, un vécu .

 

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Une fois redescendu, on retiendra l'image de ce gars, barbu au fort accent québécois, simple. En somme, plein de surprises, un concert qui fait dans le grandiose, l'imaginaire.

Dominique A, je ne savais pas. Je ne pensais plus. L'album m'avait tout d'abord rebuté, puis après plusieurs écoutes, intrigué, je me demandais encore. La voix me dérangeait. Pourquoi cette voix, laissée pour compte, posée, sobre comme ça ?

 

Route du Rock 2012-213

 

 J'approche donc de la scène entraîné par un ami enthousiaste et admirateur. Un décor de lumière, une ambiance sombre. Grand, imposant, bravant la foule, vêtu de noir et solennelle, il est bien là Dominique A.

Le public l'attend. Dans les lumières cuivreuses, ses chansons lumineuses d'espoirs, s'élancent. Balançant gracieusement ses bras, il danse à sa façon. Poète, conteur, le lyrisme nous instruit des métaphores bien nourries. Fort de paroles, parfaitement instrumentalisées, électriques, authentiques et énergiques.

 

On se balade, bercé par sa voix brute et ses mots entêtants. Des interprétations personnelles, du sens qu'il donne à ses histoires, nous laisse l'image d'un concert unique.

Civil Civic, justement, ce n'est pas très civique tout ça. Est ce bien raisonnable d'être bourré sur scène ? Cela à son charme. Entre deux phrases grossières, ce duo étonne. Des rythmes simples, une basse et une guitare activent une mélodie recherchée. Une basse souple, électro-pop. Sans parole, intense, sportif, ces deux mecs bien déchirés, sont déchaînés. On aura bien dansé.

 

Soft Moon, je ne connais pas encore. Inculte ? Oui.
Je ne sais pas à quoi m'attendre. Les débuts me rebutent. Je ne comprends pas. Et puis, si, ça y est. J'avais eu la même première impression en écoutant Joy Division. Vous comprendrez de vous même les influences. Coloré d'un blanc fumeux, mêlé à un exotisme tropicale lourd et pesant. Brute, spatiale, c'est une musique extraterrestre qu'on nous sert dans une nuit noire. Le bon style Cold Wave. Le groupe à totalement su reprendre des influences, tel que Joy Division, The cure pour ne citer que les plus célèbres.

 

Deuxième jour:

 

Il est 16 heures. Le soleil nous chauffe le dos, l'eau brille, la plage est bondée de gens portant le même bracelet. Dans la détente générale, Ela Orleans, installe le décor. Elle apaise, endort, guérit même. On est bien, on profite, joliment accompagné. C'est... la vie, simple.

 

Une instrumentalisation répétitive, des mélodies qui chatouillent nos oreilles ensablées, une voix, comme une berceuse, notre mer (c'est fait exprès, ne change pas !) à nous. Nous vaguons dans nos rêves, sur les flots à St Malo.

Deuxième soir sur le fort, le soleil décline à l'horizon. Je passe à l'espace presse, et croise Roman, occupé par les nombreuses interviews à dispenser. Nous échangeons rapidement quelques mots. Ce soir là, Breton fait participer le public pour faire un clip : Population Density. Les festivaliers répondent largement présents.

Les concerts commencent...

 

Lower Dens avec à sa tête, un chanteur, une chanteuse ? Une chanteuse.
Sur des airs planants, le côté lent s'accroche et s'empare de vous. Une guitare cristalline, trace le chemin des morceaux. Mais une guitare destructive détruit cette illusion dans laquelle on se complaisait. A la Other Lives, un style monophonique s'impose, tout se confond et toutes certitudes s'envolent. Les instruments se confondent, et conduisent la voix résonnante.


Comme un trip sous acide, on découvre, on explore, sans violence ultime, mais sans paix totale.

 

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Dans une nuit déjà bien élancée, impatient, on se place difficilement dans une masse trépignante de festivaliers.

 

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Un X géant est monté sur la scène. Le groupe entre en scène. Les débuts sont difficiles, peut être aussi parce qu'on en attend beaucoup. On sent qu'ils ne sont pas dedans, pas encore... Petit à petit l'univers se construit. Les morceaux issus du nouvel album intriguent, tandis que le plus connus, euphorisent. D'un calme plat et entraînant à la fois, on se délecte de chaque beat. Les voix semblent très réelles, mais plaisent tout de même, dans ce monde imaginaire, sans frontière d'écoute. Qualitativement crescendo, seule la fin du concert, nous ramène les pieds sur terre. On aura quand même vu The XX.

 

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Il fait bien nuit quand Breton s'avance sur scène. Tête encapuchonnée, comme d'hab', le sourire aux lèvres, la joie d'être sur scène, normal.


J'attendais ce concert pour comparer avec celui du Manège à Lorient.
La foule, en tout cas, est bien présente, heureuse, elle aussi. A coup de musique expérimentale teintée de math rock, Breton nous fait danser dans tous les sens. Un son brut, mais précis, des rythmes défragmentés, l'anarchie sonique ordonnée... Du surréalisme musical, la référence à André Breton est respectée. Chaque morceaux est particulier comme chaque élément d'un cadavre exquis. On entend de nouveaux titres, tout aussi surréalistes et intriguant que les connus, mais tout aussi plaisant.


Le concert passe comme un éclair, c'est clair, c'est électrique. Ils ne nous ont pas déçus, forts d'expérience.
Ils joueront à Brest le 17 octobre au Vauban, l'occasion pour moi de comparer à nouveau, puis de les revoir dans un cadre encore plus prestigieux, au Pitchfork festival. Tant de fois, oui, car quand on aime, on ne compte pas.

 

Troisième jour:

 

Aujourd'hui le soleil chauffe un peu moins. Mais la plage reste accueillante. On s'assoie sagement et on écoute le récit de Jonathan Fitoussi.


On se perd dans les répétitions, douces et audacieuses. Comme une goutte d'eau sur une surface d'eau, les sons s'évacuent, au rythme des vagues, qui, quand elle s'écrase, provoque à nouveau ce même son. On marche dans un miroir, faisant des kilomètres, sur place sans bouger. C'est dans la métaphore que Fitoussi construit son histoire, mais le sens en reste difficilement abordable tant qu'on à pas franchi ces différents niveaux de bleus carrés.

 

Route du Rock 2012-642

 

Musique atypique, personnage particulier. Judah Warsky, est bien debout sur scène. Empathique avec ce qui l'entoure, on le sent hésitant et sûr à la fois. Ses morceaux sont particuliers eux aussi, mais dévoilés à l'air libre, apparaissent comme évidents de clarté. Il nous explique, peu confiant, sa pratique d'un festival tant vécu, mais pour la première fois joué, exposé. Son idée d'un train qui voyage nous séduit, et nous prenons place vers un espace de sons synthétiques aux variations d'une étrange altérité. Un set court mais passionnant, partagé d'émotions entre lui et nous. Merci.

 

Route du Rock 2012-139

 

La fatigue commence à se faire sentir. Nous sommes le soir du troisième jour, le dernier soir. Les nuages couvrent le ciel mais restent sages. The walkmen débarquent sur scène et réveillent la foule. Version sublimée du studio, le concert est presque jouissif, est jouissif. L'énergie s'empare même des plus fatigués et les fait danser de cette joie communicative que procure leur musique. Une guitare au côté rétro, une voix, comme chantonnante. On danse jusqu'à ce que l'envie de s’asseoir soit irrésistible. C'est vivant, c'est du rock, sur scène, c'est The Walkmen.

 

Abattu par la fatigue, me levant tôt pour partir le lendemain matin, et d'autres raisons, je n'assiste pas au concert d'Hanni El Khatib. Déjà vu aux Eurockéennes de Belfort, voilà la raison qui à combattu ma culpabilité.

6h le lendemain matin, tôt mais seul et unique moyen de rentrée. Les gens viennent juste de se coucher au camping, on entend encore les sonos de l'espace VIP, qui balancent du Vampire Weekend, le jour se lève. Le ciel est gris, endormit. Trois jours, chauds, surréalistes, alternatifs, pleins de rencontres... Du souvenir instantané, comme une pilule addictive, qui me fera, à coup sûr, revenir l'année prochaine.

 

Un cd de Bonobo, des petits yeux, un siège de voiture qui semble plus que confortable, le sourire en coin... Sur la route du rock.  

 

Je remercie tout particulièrement Fabien, pour le festival, et les photos. 

 

                                                                                                                     Aurel. 

 

 

 

 

 

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